Les états généraux de la justice, organisés sous le thème « Pourquoi la justice congolaise est-elle malade? Quelle thérapie face à cette maladie? », ont été clôturés ce samedi par le président de la République, Félix Tshisekedi.
Dans son discours, le ministre d’État, ministre de la Justice et garde des Sceaux, Constant Mutamba, a appelé à la fin de l’impunité pour les auteurs de la criminalité financière. Il a vivement critiqué les criminels financiers qui défient la justice et tentent de redorer leur image à travers des sorties médiatiques.
Les 3 500 participants aux états généraux de la justice, venus de toutes les provinces et de l’étranger, ont diagnostiqué les maux dont souffre la justice congolaise et formulé des recommandations pour y remédier. L’une des principales recommandations est la transformation du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) en un Conseil Supérieur de la Justice (CSJ).
Pour apporter cette réforme, il est nécessaire de réviser les articles 149 et 152 de la constitution, afin d’ouvrir l’accès à cette structure aux représentants du pouvoir judiciaire, des avocats et de la société civile, la rendant ainsi plus inclusive et représentative.
Les participants ont convenu que le président de la République, en sa qualité de magistrat suprême, présiderait le Conseil Supérieur de la Justice, assisté par le ministre de la Justice. Cependant, ces recommandations n’ont pas obtenu le soutien des syndicats de magistrats, qui craignent une atteinte à l’indépendance de la justice.
Pour départager les deux camps, il a été décidé de soumettre cette question à l’arbitrage du président de la République.
Dans son discours de clôture, le chef de l’État a pris l’engagement de restaurer la justice en RDC. « Ces recommandations constituent la base solide sur laquelle nous devons bâtir les réformes indispensables. Il n’est plus question de se satisfaire de solutions superficielles. J’insiste : il nous faut des réformes courageuses, des mesures radicales qui transformeront nos institutions de manière durable et qui impacteront positivement les comportements », a déclaré le président de la République.
Quelle que soit la suite réservée à cette réforme, le ministre d’État, ministre de la Justice, a mis en lumière l’un des fléaux qui gangrènent la justice congolaise : l’impunité des délinquants financiers.
À ce sujet, Constant Mutamba préconise la création d’un parquet financier et le renforcement des compétences des instances judiciaires pour lutter contre la criminalité économique. Il a désapprouvé les criminels financiers qui, selon lui, roulent carrosse et circulent librement avec arrogance, allant jusqu’à se permettre de tenir des conférences de presse dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Cette critique vise notamment un ancien ministre des Finances, actuellement en pleine campagne médiatique nationale et internationale après avoir été accusé de surfacturation de plusieurs marchés publics, lui permettant d’empocher des centaines de millions de dollars. En réponse, cet ancien ministre a récemment déclaré dans une interview que « ce jeune ministre, qui se présente comme étant la nouvelle classe politique, commence avec la manipulation médiatique et le mensonge ».
Par Didier Mbongomingi