Le secteur de Wanianga, situé dans le territoire de Walikale, dans la province du Nord-Kivu, fait face à une menace croissante des terroristes du M23. Dans une interview exclusive accordée à notre rédaction, le Dr. Baamwisho Descartes Akilimali, Chef du secteur de Wanianga, appelle le gouvernement congolais à intensifier ses efforts pour empêcher cette avancée des rebelles, qui met en péril la sécurité et la stabilité de la région.
Une menace bien réelle
“Il est important de comprendre que la situation devient de plus en plus préoccupante. Les terroristes du M23 continuent leur progression et leur présence dans le territoire de Walikale est un danger imminent”, a expliqué le Dr. Baamwisho Akilimali Descartes. Selon lui, cette avancée des M23 ne menace pas seulement les habitants du secteur de Wanianga, mais toute la province du Nord-Kivu. Le chef de secteur insiste sur la nécessité d’une action rapide et coordonnée de la part des autorités congolaises pour éviter une escalade de la violence.
Alerte sur les camps de déplacés
Le Dr. Baamwisho a également mis en garde contre la création de camps de déplacés dans la région. “À ce jour, il n’y a aucun camp de déplacés dans le secteur de Wanianga, ni dans tout le territoire de Walikale, malgré le déplacement massif de la population. Cela peut paraître surprenant, mais la situation est telle que nous ne voulons pas voir apparaître des camps qui risqueraient de semer la confusion et l’instabilité parmi la population”, a-t-il précisé.
Il a souligné qu’une telle situation pourrait entraîner une perte de contrôle de la population déplacée, ce qui compliquerait la gestion de la crise. “Nous faisons des sensibilisations auprès des chefs coutumiers pour accueillir les déplacés dans un cadre structuré, afin d’éviter tout chaos supplémentaire”, a-t-il ajouté.
Des stratégies pour contenir l’ennemi
Le Dr. Baamwisho Akilimali Descartes a détaillé les stratégies mises en place pour barrer la route à l’ennemi. “Nous avons commencé un recensement des populations dans le secteur de Wanianga. Sur la recommandation du ministre de l’Intérieur, M. Jackman Shabani, et avec le soutien du gouverneur de la province, nous avons pris les mesures nécessaires pour identifier et organiser les déplacés de manière sécurisée”, a-t-il déclaré.
Ce recensement permettra non seulement de mieux comprendre l’ampleur du phénomène, mais aussi de garantir une assistance humanitaire adéquate. “Cela nous permettra de faire un rapport détaillé à la hiérarchie et d’assurer une prise en charge optimale des déplacés”, a affirmé le chef de secteur de Wanianga.
Un appel à l’aide
Le Dr. Baamwisho a lancé un appel urgent au gouvernement provincial pour fournir une assistance aux déplacés internes. “Nous croyons fermement que Walikale, et plus particulièrement le secteur de Wanianga, ne sera pas oublié. Le nombre de déplacés a considérablement augmenté ces derniers temps et l’aide est plus que jamais nécessaire”, a-t-il insisté.
En parallèle, il a sollicité des ressources supplémentaires pour permettre une meilleure gestion des réfugiés et un soutien logistique aux autorités locales. “L’aide humanitaire est cruciale pour stabiliser la situation et éviter une catastrophe humanitaire”, a-t-il ajouté.
Une coopération renforcée avec les autorités
Le Dr. Baamwisho a révélé que des propositions de stratégies de défense ont été soumises aux autorités compétentes, notamment à l’administrateur du territoire de Walikale, au gouverneur de province, au ministre de l’Intérieur, ainsi qu’au ministre de la Défense. “Nous avons travaillé de concert avec les autorités pour mettre en place des mesures afin d’empêcher les M23 de pénétrer plus profondément dans le secteur de Wanianga”, a-t-il expliqué.
Selon lui, cette coopération renforcée est essentielle pour garantir une sécurité durable dans la région. “Les terroristes du M23 auront des difficultés à pénétrer dans notre secteur si ces stratégies sont mises en œuvre efficacement”, a-t-il affirmé avec assurance.
La voie démocratique en avant
Au-delà de la sécurité, le Dr. Baamwisho Akilimali Descartes a réitéré l’importance de la voie démocratique dans la gestion de cette crise. “Nous mettons en avant la voix démocratique. C’est la voie qui nous permettra d’accéder à des postes de prise de décision, non seulement au niveau de Walikale, mais également au niveau national”, a-t-il précisé. Cette approche vise à promouvoir une gouvernance inclusive et participative, en accordant une place plus importante aux communautés locales dans les processus décisionnels.
Le Dr. Baamwisho a également insisté sur la nécessité de préserver l’intégrité du territoire national, en réaffirmant que la sécurité de la population doit passer avant toute autre considération. “Nous devons faire front commun pour préserver la paix et la stabilité dans notre pays”, a-t-il conclu.
Une situation qui exige des réponses rapides
La situation à Walikale demeure fragile. Les autorités locales, soutenues par la population, se battent pour contenir la menace des M23 tout en gérant un flux de déplacés de plus en plus important. La pression sur les infrastructures et les services de base augmente chaque jour, ce qui appelle des réponses rapides et efficaces de la part du gouvernement central et des partenaires internationaux.
La solidarité essentielle
La solidarité entre les communautés et avec les autorités compétentes est plus que jamais essentielle pour surmonter cette crise. Le Dr. Baamwisho Descartes a conclu en appelant à une mobilisation générale pour défendre l’intégrité du territoire congolais et protéger les vies des citoyens. “Nous devons rester unis et vigilants. La guerre imposée par le Rwanda via le M23 est injuste, et ensemble, nous devons l’arrêter”, a-t-il insisté.
Un avenir incertain, mais l’espoir demeure
Malgré les défis, la volonté des autorités locales et des populations du secteur de Wanianga de résister à l’invasion des terroristes du M23 reste intacte. Toutefois, le temps presse et les autorités congolaises doivent intensifier leurs efforts pour garantir la sécurité et le bien-être des habitants de la région. L’avenir de Walikale et du Nord-Kivu dépendra en grande partie des mesures qui seront prises dans les jours et semaines à venir.
Claude Baguma
